Environ un quart de la population mondiale est constituée de femmes en âge de procréer, dont la majorité a ses règles chaque mois. C’est un processus biologique tout à fait normal. Pourtant, les règles sont entourées de silences, de fausses croyances et de tabous. Les femmes et les filles du monde entier font face à de nombreux défis pour gérer leurs menstruations. Plus de 500 millions d’entre elles vivent dans une réelle précarité menstruelle. Cela signifie qu’elles n’ont pas accès à l’essentiel pour gérer leurs menstrues avec dignité : pas d’accès à des produits d’hygiène et de santé menstruelle (protections hygiéniques, savon, antidouleurs, etc.), ni à des installations sanitaires appropriées (accès à de l’eau salubre, à une latrine sécurisée et propre, etc.), ni à des normes sociales garantissant leur bien-être et leur liberté d’action (désinformation, exclusion, isolement, etc.)
Illustration d’une scène courante de filles qui ont leurs règles pour la 1ère fois en classe
Dès la puberté, des milliers de jeunes filles s’absentent chaque mois de l’école durant leur période menstruelle, faute de protections hygiéniques et/ou de latrines dans leur école, et/ou par peur des fuites et donc des moqueries. Ces absences répétées les défavorisent fortement dans leur apprentissage et les poussent le souvent vers la déscolarisation. D’après l’ONU, plus d’une jeune fille sur 10 serait concernée en Afrique.
Aussi, les jeunes filles et femmes vivant dans l’extrême pauvreté, les déplacées, les migrantes, les sans-abris ou encore les personnes emprisonnées vivent une précarité menstruelle poussée à son extrême. Leur condition de vie est pénible au quotidien, mais elle est encore aggravée dès lors qu’elles saignent, en moyenne 3 à 5 jours chaque mois.
Blocs de latrines et file d’attente à la borne fontaine sur un des sites de déplacés internes à Kaya en août 2020. Crédit photo : Bassératou Kindo
Malgré ce constat, trop peu d’acteurs du développement agissent pour apporter des solutions d’envergure à la précarité menstruelle. Dans toutes les sociétés, le silence, la honte, l’ignorance et la stigmatisation liée aux menstruations sont omniprésents, de façon plus ou moins marqués. Comme c’est un sujet ultra-tabou, on n’en parle le moins possible, ce qui inhibe les niveaux d’intervention, de recherche et d’investissement dans le domaine. Il s’agit pourtant d’un besoin essentiel, au même titre que l’accès à l’eau, à l’alimentation et à un logement décent.
Des études ont démontré que les jeunes filles et les femmes qui ont la bonne information sur leur féminité, un accès à des produits d’hygiène de qualité, un accès à des sanitaires adaptés, et évoluant dans une société non discriminante à l’égard des personnes menstruées, ont bien plus de chances d’être instruites, d’accéder à un travail digne, de s’épanouir et de jouer un rôle de premier plan dans leurs communautés.
Tant que des solutions adaptées ne seront pas trouvées pour vaincre la précarité menstruelle, des millions de jeunes filles et de femmes seront freinées dans leur vie à cause de leurs règles.
C’est à la suite de ces constats qu’est née l’entreprise sociale Sisterhood – qui communique avec la marque Menstru’elles – début 2020 à Ouagadougou. Sa mission est d’accompagner les femmes à mieux vivre leurs règles et de lutter contre la précarité menstruelle des plus vulnérables.
« En tant qu’entrepreneurs sociaux, nous utilisons des idées novatrices et des mécanismes fonctionnant sur la logique de marché, afin de résoudre un problème sociétal crucial et générer un impact positif sur la société dans son ensemble. »
Comment agissons-nous concrètement ?
- En innovant, promouvant et distribuant une nouvelle gamme de produits de santé et d’hygiène menstruelle, à la fois plus sains, plus confortables et meilleurs pour l’environnement
- En diffusant des connaissances juste et positives autour des menstruations pour les femmes et les hommes, luttant ainsi contre la désinformation et les tabous autour des règles
- En plaider pour attirer plus de financements pour la santé et hygiène menstruelle et en montant des programmes qui visent à sortir les plus vulnérables de la précarité menstruelle.
Notre modèle économique repose à la fois sur la génération de chiffre d’affaire et l’octroi de subventions.
D’une part, nous faisons de la vente directe et indirecte aux particuliers, c’est-à-dire celles qui recherchent des alternatives pour mieux vivre les règles, et qui ont la capacité financière de s’offrir des produits d’hygiène menstruelle de qualité et/ou de l’accès à de l’information autour du cycle menstruel.
D’autre part, nous nouons des partenariats avec des donateurs, quels qu’ils soient, qui financent ainsi des ateliers d’information et des kits d’hygiène pour les personnes les plus précaires.
Aussi, nous œuvrons main dans la main avec des acteurs privés, qui veulent offrir des produits menstruels éco-responsables et de qualité à leurs salariées, car ils ont bien compris que c’est important pour leur santé et leur bien-être… et donc de facto pour leur productivité +5 jours par mois !
Séance de remise de kits suite à un atelier d’information sur la GHM à Ouaga, au siège de ICCV Nazemsé, Juin 2020. Crédit photo : ICCV
Nous considérons qu’il est ur-gen-ti-ssime de proposer aux jeunes filles et aux femmes de quoi vivre avec confort et dignité leurs règles. C’est une question d’équité et de justice sociale trop longtemps passée sous silence.
Nous agissons dans une logique économique et solidaire, avec une perspective de durabilité. Nous cherchons à embarquer tout le monde, avec passion et bienveillance ! Car nous sommes TOUTES, mais aussi TOUS concernés par ce phénomène indispensable à la vie !
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